vendredi 5 janvier 2007

Les petites et moyennes entreprises à la traîne en matière de gouvernance


Absence d’assemblées générales, défaut de communication des documents sociaux, la transparence des PME doit être améliorée.
Par Sandra Sebag - le 04/01/2007 - L'Agefi Hebdo

Un excellent article...

Si l’adoption des règles de bonne gouvernance par les entreprises cotées semble désormais acquise, le débat rebondit désormais au niveau des petites et moyennes entreprises, voire des très petites entreprises. Plusieurs études se sont en effet focalisées sur les manquements des entreprises non cotées en matière de gouvernance, soulignant la nécessité impérative pour elles de s’y plier. L’arrivée massive des fonds d’investissement dans les entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs d’activité est un des éléments qui bouleverse les règles du jeu et force les entreprises à plus transparence.

L’Institut français des administrateurs (IFA) vient de publier un guide sur la gouvernance des PME et des PMI patrimoniales. «En France, elles correspondent à 75% des entreprises de taille moyenne, 30% de l’effectif salarié de l’ensemble des entreprises du secteur privé, 30,8% du chiffre d’affaires, 34,5% des investissements totaux et 38,65% des exportations», détaille le guide. «Les entreprises patrimoniales sont plus performantes que la moyenne en termes de rentabilité et de croissance. Elles constituent le fondement de la vitalité de l’économie française. Mais souffrent également de certaines faiblesses dues à leur difficultes à faire face aux mutations rapides de leur environnement (réglementaire, business ou bien capitalistiques ; réactions inattendues de certains minoritaires). Ces fragilités justifient la mise en œuvre d'un processus de gouvernance structuré permettant d'améliorer le processus de décision et la réactivité», explique Dominique Pageaud, associé Ernst & Young.

Pour faire face à ces défis, il faudrait adapter le modèle de gouvernance aux spécificités des petites et moyennes entreprises patrimoniales. «Le modèle familial est différent du modèle boursier, le premier enjeu des chefs d’entreprise est la pérennité du patrimoine au détriment parfois de la création de valeur immédiate pour l’actionnaire. Les opérations à court terme risquées rencontrent rarement dans ce cadre l’aval du chef d’entreprise», poursuit Dominique Pageaud.

Conflits d’intérêts

Concrètement, l’IFA préconise d’établir une charte de gouvernance destinée à fixer les règles du jeu pour les décisions majeures et de concilier les intérêts parfois antagonistes entre les actionnaires familiaux et les actionnaires minoritaires. L'institut propose aussi la création de comités spécifiques siégeant à côté du conseil d’administration au sein desquels les minoritaires seraient représentés. Enfin, la communication financière souvent négligée par les petites et moyennes entreprises doit être nettement améliorée afin notamment d’éviter des conflits majeurs entre actionnaires majoritaires et minoritaires qui peuvent s’affronter sur la stratégie et ou sur les conditions d’entrée et de sortie au capital. Cette question centrale se pose à tous les stades de la vie de l’entreprise.

«Les minoritaires n’ont pas d’interlocuteurs privilégiés, ils sont souvent négligés par les actionnaires majoritaires qui ne tiennent pas systématiquement d’assemblées générales. Par ailleurs, l’information fait souvent cruellement défaut quand on sait que 60% des PME ne déposent même pas leurs comptes et ne communiquent pas à l’ensemble des actionnaires les documents sociaux», relate Antoine Denaiffe, associé chez Concilio Partners.

Cette difficulté n’épargne pas les fonds d’investissement, «il y a quelques années, les pactes d’actionnaires comprenaient deux à trois pages. Maintenant, ils s’élèvent facilement à une trentaine de pages et malgré cela, toutes les situations ne sont pas prévues, certains fonds demeurent englués dans certaines participations», avance Jean-François Denaiffe, associé chez Concilio Partners.

Des fermetures en masse

Cette problématique se pose avec d’autant plus d’acuité que la question de la transmission des entreprises est amenée à prendre de l’ampleur. On estime généralement à 500.000 le nombre d’entreprises qui chercheront un repreneur dans les années à venir. Il s’agit essentiellement de PME et de TPE. Cette évolution est liée à la pyramide des âges des chefs d’entreprise, un tiers d’entre eux ayant plus de 60 ans. «La succession est un moment important car elle cristallise les inquiétudes. La communication et la création de confiance autour de l'image de l'entreprise et de sa bonne gouvernance occupent une place importante à ce moement crucial de la vie de la PME», avance Dominique Pageaud. Elle doit être préparée très en amont afin d’assurer l’avenir de l’entreprise.

«On considère généralement, compte tenu de la difficulté à trouver un repreneur, que les entreprises de moins de dix salariés finissent par fermer dès que le chef d’entreprise prend sa retraite», souligne Jean-François Denaiffe. Avec toutes les conséquences que ces fermetures impliquent pour l’emploi.

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