« Ce secteur a changé d’échelle. Il y a quinze ans, le « private equity >», c’était 15 milliards de dollars gérés dans le monde. Aujourd’hui, c’est cent fois plus. Compte tenu de la taille qu’ils atteignent, les fonds sont contraints de trouver des cibles de plus en plus importantes. C’est pourquoi certains convoitent même désormais des sociétés… cotées en Bourse ! », souligne Antoine Dréan, le président de Triago, une société indépendante spécialisée dans la levée et le reclassement de fonds de « private equity ». Les entreprises susceptibles de faire l’objet d’un rachat sont trop peu nombreuses pour les masses de capitaux en quête d’investissements. Leurs vendeurs ont beau jeu demettre les fonds en concurrence, pour faire monter les enchères. « Sur une bonne affaire, on trouve aujourd’hui parfois plusieurs dizaines de prétendants », observe Antoine Dréan. « Certains investisseurs courent après les fonds, qui eux-mêmes courent après les managers d’entreprise », fait-il remarquer. Bilan ? Les dossiers sont de plus en plus « tendus » : pour financer des acquisitions de plus en plus importantes, et de plus en plus onéreuses, les fonds empruntent toujours plus. Avec la bénédiction des banques. En espérant que les entreprises rachetées dégagent des revenus suffisants pour permettre de rembourser prêts et intérêts. « Aujourd’hui, dans certaines opérations, une grande partie de la trésorerie de la société cible doit être mobilisée pour permettre de faire face à la dette du holding de reprise », souligne Éric Gaillat, directeur associé d’Alto Invest. Et sur certaines cibles, désormais, les LBO se succèdent en chaîne. « On voit des fonds garder une entreprise un à trois ans, puis la revendre, avec souvent la même équipe dirigeante, à un autre fonds », observe Noël Albertus. Des symptômes inquiétants ? Les professionnels ne prédisent pourtant ni catastrophe ni retournement brutal du marché. Les risques sont bien identifiés. Une hausse brutale des taux d’intérêt (les opérations sont financées à taux variables) de deux ou trois points pourrait paralyser les montages. Mais elle n’est pas à l’ordre du jour. Une restriction brutale des crédits bancaires ? Ce scénario n’est pas pris au sérieux. Une dégradation de la conjoncture économique en Europe, entraînant une chute brutale des profits des entreprises, et rendant du même coup la dette plus difficile à rembourser ? Les économistes n’y croient pas.
Un article du FIGARO en date du 11 juin 2007
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